Mouton, levez-vous. Le jury vous a déclaré COUPABLE.
COUPABLE.
Je suis COUPABLE d'avoir fermé les yeux, et pour quelques euros de plus sur mon compte en banque, d'avoir accepté que mon argent soit utilisé pour financer la guerre, la dictature, le travail des enfants, l'exploitation du tiers-monde, la déforestation et la destruction de l'environnement.
Je suis COUPABLE d'avoir fermé les yeux, et pour dépenser quelques euros de moins, d'avoir accepté de consommer des produits bon marchés, importés du bout du monde ; et ce dans le plus total mépris des droits, de la qualité de vie, et de la santé de ces travailleurs du tiers-monde et de leur environnement.
De même que je suis COUPABLE d'avoir ainsi favorisé la délocalisation des entreprises, des industries et des exploitations agricoles de mon pays, rendant des milliers de gens sans emploi ; et contribuant à rendre ma société incapable de subvenir elle-même aux besoins primaires de ses habitants.
Je suis COUPABLE d'avoir acheté des produits toxiques, dangereux, polluants, des produits jetables, non remplaçables, et donc financé les entreprises qui les produisaient, fermant ainsi les yeux sur leur agissement, et devenant leur complice. Complice d'avoir remplis les décharges, réchauffé l'atmosphère, pollué les eaux et les rivières, empoisonnés les sols, les rendant ainsi impropres à la culture et mettant en péril l'avenir alimentaire de nos enfants. Bref, coupable d'avoir contribué à détruire la terre.
Je suis COUPABLE d'avoir fermé les yeux, et pour dépenser quelques euros de moins, avoir hypothéqué ma santé et celle de mes enfants en acceptant de nous nourrir d'aliments que je savais ne pas être naturels, sains, voire comestibles ; j'ai fermé les yeux en me disant que cela avait bon goût et j'ai refusé de voir les signes pourtant tellement criant de nos corps qui devenaient moribonds.
Je suis COUPABLE d'avoir préféré mon confort, mon argent, ma tranquillité, mes désirs de grandeurs, à un mode de vie plus simple, social, actif, honnête, travailleur, porteur de sens, d'échange. Je suis coupable d'avoir négligé la conscience, la réflexion, l'action pour permettre et autoriser tout cela.
Je suis COUPABLE car je lis ceci, et mes dents grincent, mon orgueil me crie que ce n'est pas de ma faute, que je ne savais pas, que je n'avais pas le choix.
Pourtant je suis COUPABLE, car il y a toujours un jour, ou on sait. Il y a toujours un jour où on a le choix. Toujours un jour où on décide. Ce jour-là, j'ai décidé de fermer les yeux, et préféré penser que je n'étais pas concerné.
Le mouton noir.