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L'observatoire du monton : La prison de l'enfance (2)

24 Janvier 2012 , Rédigé par Le-mouton-noir Publié dans #L'obervatoire du mouton

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Les aristochats, © Walt Disney 1970              

 

Ce dimanche-là, nous faisions un copieux repas avec de nombreux amis.  C'était pour le nouvel an.  Ou je ne sais quel autre prétexte pour nous retrouver tous ensemble. Il y a de nombreux enfants. De jeunes enfants. Ca joue et ça court un peu dans tous les sens. L'atmosphère est bruyante et gaie, tout le monde est heureux d'être là. Surtout les enfants. Pensez ! 

 

Puis un semblant de calme arrive. On passe à table. Certains enfants ont leur table à eux. Je ne dirais pas que ce soit une mauvaise chose en soi. On pourrait même croire que c'est pour leur responsabiliser qu'on les laisse à leur table, sans la surveillance d'un adulte. Bien sûr, vous pensez bien que le mouton philosophe vous dirait qu'encore une fois, il s'agit tout simplement de mettre à part l'enfant des adultes.  Mais les enfants sont heureux d'être ensemble, c'est le principal.  Dommage juste qu'ils pensent ainsi bénéficier d'un nouveau privilège sur leur concurents plus petits ou les autres enfants de leur âge, obligés de rester à table avec leur parents, bouh les loosers !  

 

Bref. L'entrée est servie, tout se passe pour le mieux. Même les enfants se régalent. 

 

Intermission* 

Entre l'entrée et le plat, certains adultes aident, d'autres discutent, et la plupart d'entre eux ne font plus attention aux enfants qui ont été séparés de leur vue, à une autre table.  Bien sûr, on dira qu'ils jettent un oeil de temps en temps sur leur progéniture pour vérifier qu'ils ne sauvent pas, ne se font pas enlever par de vilains adultes mal inttentionés, ou encore ne se battent pas avec leurs couverts en plastique "safe" spécial enfants.  Non j'exagère.  Les enfants avaient les mêmes couverts que tout le monde, couteau excepté, ça va de soi, il parraît. 

 

Deux demoiselles; appelons-les Lisa et Louisa, hautes comme trois pommes, et âgées de 4 ans (elles vous diraient 4 ans et DEMI) sont toujours tranquillement assises à leur table "enfant" - à genoux sur leur chaise pour être plus précise - et elles discutent, pouffent entre elles, rigolent, sont heureuses de se retrouver.  Elles ne sont ni difficiles, ni sur-exitées, elles n'ont pas quitté leur table pour aller courir jouer.  D'ailleurs on va passer au plat principal dans 10 minutes tout au plus. Elles ne sont demandeuses de rien ...

 

J'insiste. Demandeuses de rien.  Des enfants qui ne demandent rien sinon qu'on leur fiche la paix, ok ?  

Sauf que papa a dû trouver que la lueur d'intelligence dans les yeux sa fille devait être inquiétante car le voilà qui se précipite avec un lecteur de DVD portable (rose fushia spécial petite fille), l'ouvre, le place sur la table des enfants, devant leur yeux. (la table où on mange oui, oui).  Et hop, power !  Et voilà les Aristochats qui passent. (superbe film au demeurant. Mais ce n'est pas le sujet).   Tout le monde voudrait être un cat '  dzing dzing ...

 

I'm shocking** dirait  Wasp. (Non Wasp dirait i'm shocked, c'est plus anglais).  Mouton le dit aussi : I'm shocked, It's very Shocking !!! J'ai dû rester interloquée la bouche ouverte 5 minutes jusqu'à ce que mon tendre et cher me rappelle à l'ordre pour me dire de me mêler des mes affaires.

 

D'ailleurs, je profite de cet apparté, pour m'excuser par avance, si jamais mes amis ci-sus-concernés viendraient à lire ceci et se reconnaître dans ce récit.  Mon but n'est pas tant de les critiquer que de prendre leur exemple si parlant pour détailler, éclairer et justifier mon précédent article très réthorique", sur l'enfance emprisonnée.  Je ne pouvais trouver exemple plus parfait. Donc je les remercie en quelque sorte. (Heu. N'exagérons rien.  Mais en tout cas, je vous aime, je vous assure ! )

 

Voilà donc les deux demoiselles qui riaient de bon coeur jusque là, sont maintenant bouche close, yeux exorbités et cerveau en veille devant un dessin-animé.  Dessin-animé "punition" que leur sage attitude ne méritait vraiment pas (punition car il veut dire clairement : tais-toi et bouge pas) et dessin-animé qu'elles n'avaient absolument pas demandé,  (j'insiste je sais, je suis lourde hien ?) ...  

 

Fin de l'intermission - 

 

On passe le repas à table. On sert donc un plat à manger, à deux petites filles de 4 ans qui ont, devant les yeux, un dessin animé qui tourne. Bien sûr, on ne retire pas le lecteur DVD des yeux des enfants.  Surtout pas, on s'exposerait à une crise de la part de ceux-ci.  Une crise dont on est 100 % responsable déjà, une crise surtout qu'on sait pertinament qu'on ne saura pas résoudre ensuite.  Donc on ne fait rien. C'est plus simple. On met une assiette devant un enfant qui n'a plus sa tête à ça, qui a le cerveau et tous les sens enformis, et qui n'a plus aucune attention disponible pour comprendre à ce qu'il se passe autour de lui, et à forciori sous ses yeux et son nez. 

 

Faut-il être un génie pour savoir que le gosse ne baissera pas une seule fois les yeux sur son assiette et n'en avalera pas une seule bouchée ?  Alors je suis un génie.

 

Fin de l'histoire ?  Non. Décidément, Mouton avait encore toute la journée devant lui pour être very shocking. 

 

J'ai ommis un détail dans mon récit.  Avant de servir les enfants, voilà que maman intercepte et filtre l'assiette d'une des gamines. Une assiette on ne peut plus apétissante et qui devrait plaire à un enfant : du poulet, des pâtes, si peu de légumes. Un morceau de tomate et un micro morceau de courgette, on a vu pire comme légume, même pour un enfant, n'est-ce pas ?   Hé bien il faut croire que non.  Maman coupe tout en petit morceau, ensuite elle trie et ENLEVE les légumes de l'assiette de son enfant.  Vous avez bien lu, oui, c'est MAMAN qui retire les légumes de l'assiette de sa fille.  Parce que, de toutes façons, elle sait qu'elle ne les mangera pas. Et Maman ne forcera pas Lisa à manger ses légumes. Trop difficile. Déjà bien assez dur de la faire manger tout court, comme on va le lire ci-après.

 

Privilège du monde de l'enfance encore. Des repas à part, au propre comme au figuré. Des plats sans légumes. Des plats d'enfants.  Maman rend donc l'assiette à l'enfant et lui donne une cuillère.  Car l'enfant n'a pas droit aux couverts qu'utilise l'adulte, rappelez-vous.

 

Il se passe ici quelque chose d'assez fascinant. Autour d'elle, tous les autres enfants de son âge mangent avec une fouchette. Demoiselle Lisa repousse donc la cuillère de maman et tente de manger elle aussi - comme une grande-  ou à tout le moins, -comme les autres.-  J'eus peur un instant que la maman ne l'en empêche avec une niaïserie dans le genre  "tu es trop petite !"  mais heureusement, ce ne fût pas le cas.

 

Cela dit, la petite fille a eu beau prendre une fourchette, ce n'est pas pour cela qu'il y aura eu une quelconque nourriture dans sa bouche.  Pensez donc, un dessin animé devant les yeux !  Alors forcément, la suite est prévisible, vous vous doutez qu'on va droit au clash.

 

Le "Mange Lisa, mange !"  répété deux cent mille fois sur tous les tons par tantôt papa, tantôt maman n'a évidemment aucun effet.  J'aurais pu le prédire, je suis un génie.  

L'épisode des menaces  est assez éloquent aussi :  "tu ne pourras plus regarder de dessins animés. Je vais retirer le lecteur DVD.  Maintenant j'en ai marre, tu vas aller au coin. "  

Parce qu'il faut s'imaginer le tableau.  L'enfant ne lève même pas les yeux du dessin animé.  Et quand elle le fait, sous la menace de se voir enlever son DVD, c'est pour faire sa moue et marmoner je ne sais quel gémissement dans ses dents.

 

I'm shocking shocked... 3e chapitre.  

 

Penserez-vous que maman, lasse, va prendre le lecteur DVD à la petite fille ?  Non maman, va ESSAYER de PIQUER le lecteur DVD à la petite, tandis que son père détourne son attention.  Vous avez ben lu.  Je répète :  Maman essaye de piquer le lecteur DVD à la petite, tandis que son père détourne son attention.  Pas de bol.  La petite se retourne, les yeux bien fixé sur l'objet convoité.  Maman le repose, gênée en souriant de son air le plus innocent possible à sa fille. On croirait voir un comic-show (vous savez avec les enregistrement de rire derrière ?).

 

Ne manquerait plus qu'elle s'excuse tiens. J'imagine la scène aisément : "Moi j'ai osé toucher ton DVD, héhé mais non, qu'est-ce que tu vas penser là ?  MOI ta MERE, moi le PARENT, moi qui ait la garde, l'autorité, le devoir de prendre soin de toi, moi l'ADULTE, j'aurais osé toucher à ton provilège d'enfant ?  non mais non, mais tu te fais des idées voyons ..."

 

Ouf ! Le sort a dû s'en mêler puisque bing, le lecteur DVD s'éteind soudainement. Panne de batterie.  Hourrah pour les parents ! Voilà l'excuse imparrable.  "Oooooh il est cassé, comme c'est dommage, c'est comme ça c'est la vie, il faut le charger tans pis"   et hop, on prend le DVD !  Belle entourloupe. 

 

Terreur dans les yeux de l'enfant privé de sa drogue. Grimace, pleurs et refus de manger.   Papa monte d'un ton.  TU MANGES.  En vain.  Papa menace.  JE NE VAIS PAS CHARGER TON DVD SI TU CONTINUES.  Pleurs de l'enfant (quelle horrible menace pensez !).   Maman vient au secours de papa.  Si tu continues papa -le méchant- ne va plus charger ton DVD, allez mange vite, viiite !   En vain.  Tentative de faire manger l'enfant à la cuillère. L'enfant refuse.

 

Maman s'enerve à son tour.  Et Maman punit !!  MAINTENANT TU VAS AU COIN ET TU N'AURAS PLUS DE DESSIN ANIME. 

 

La petite pleure, maman reprend son assiette.  Vous avez suivi ?  La petite pleure et maman reprend l'assiette.  Je suis un génie : j'en déduis que la petite n'a strictement RIEN mangé. 

 

Le croiriez-vous si je vous dis qu'elle n'ira pas au coin malgré la punition pourtant décrétée ; que papa rechargera la batterie du lecteur DVD portable juste après avoir dit qu'il ne le ferait pas ; et qu'une heure plus tard  "Robin des Bois" passera sur l'écran du mini lecteur, à la table des enfants ?  Pourtant c'est la stricte vérité.

 

Je pourrais encore vous en dire pour ettayer mon essai philosophique sur l'enfance et la façon de considérer les enfants.  A l'occasion je vous raconterai.  On me dira que c'est facile de parler quand on a pas d'enfant. Certes.

 

Je vous assure que mes intentions ne sont pas de juger, ou de critiquer ...  Mais de l'observatoire du Mouton, forcément, ça observe, ça analyse, ça cogite, ça tente de décrypter. Comprendre. Penser avec sa tête. C'est en - quelque sorte- un privilège que j'ai, que mes ami(es) aient eu des enfants avant moi.  J'observe et j'apprends.  Je peux à loisir regarder les enfants grandir et la façon qu'ont leurs parents d'agir envers eux.  Avec tout le recul nécessaire : pas d'affectif, pas de peur, pas de contrainte, pas d'obligation. C'est facile, ce ne sont pas mes enfants.

 

Peut-on en déduire que mon raisonnement n'en est que plus impartial, neutre et éclairé ?  Je ne me permettrais pas de tirer cette prétentieuse conclusion.  Ma façon de voir le monde est très *théorique*, surtout concernant les enfants, n'en ayant pas encore ;  mais si cette façon de voir le monde pouvait éclairer certaines situations, et aider des parents à mieux comprendre que leur enfant n'est pas simplement qu'un enfant ; alors tout ceci en vaut la peine.

 

 

Réthorique et théorie du mouton :  La prison de l'enfance (1)

 

 

 

* Intermission : An intermission is also often billed as an entr'acte (French: "between acts"). Wikipédia. 

Get out !  This is a private joke with Wasp !

** Very shocking :  Anglicisme. Dit par plaisanterie : qui déplaît, offence, ou choque. Wikitionaire.

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